Bienvenue sur ma nouvelle newsletter, Venture Capital & Alii ! Aujourd’hui je reviens pour vous en français sur le stage en Venture Capital. Ceci est basé sur mon expérience et ressenti personnel. Je ne tiens pas à aller en détails pour toucher le plus grand nombre et il se peut que j'oublie des éléments : n'hésitez pas à revenir vers moi pour tout complément d’information.
J’ai toujours voulu construire cet article après avoir trouvé mon propre stage en capital-risque pour justement vous faire part de la pertinence de mes expériences personnelles, ressentis d’entretiens et vous montrer les bonnes pratiques à adopter. J’en ai publié un thread sur mon compte twitter personnel, mais je tiens à faire ici une version beaucoup plus exhaustive.
Pour rappel, le principe du VC est simple : investir dans des jeunes entreprises innovantes en très forte croissance, prendre des parts minoritaires au capital de ces sociétés et réaliser un retour sur investissement via une "sortie".
Pourquoi le Venture Capital est la nouvelle vocation des années 2020 ?
Il n’est pas rare aujourd’hui de voir (à raison) beaucoup de personnes se tourner vers le métier de VC qui est, il faut le dire, très sexy : croisement parfait entre finance, startup, stratégie d’entreprise et innovation, il permet de faire le choix de ne pas choisir.
Nous vivons une ère de changement où nos habitudes de consommation changent drastiquement. Il est devenu normal désormais d’avoir accès à un catalogue audiovisuel exhaustif en 3 clics (plateformes de streaming), de pouvoir échanger avec un professionnel de santé en visioconférence (télémédecine) ou bien avec ses proches (réseaux sociaux). Ces nouvelles habitudes sont en parties le fruit de la présence conséquente du Venture Capital au capital de ces sociétés digitales.
Aussi, au-delà de la simple passion pour l’innovation, l’envie d’exercer ce que j’appelle un métier de pouvoir n’est pas anodine. Le “Venture Capitalist” moderne possède la position de partenaire financier et opérationnel privilégié auprès d’entrepreneurs tout en possédant une exposition médiatique au sein de l’écosystème tech français. On travaille aux côtés du risque sans le prendre, pour reprendre les mots de Bartosz Jakubowski. Et c’est une des notions clés à retenir.
Tout ceci est très cool mais c’est naturellement un peu moins cool pour y entrer.
En effet, en France (voire en Europe selon l’excellent article d’Alexandre Dewez et Maxime Fonsale que je conseille pour les lecteurs anglophone) intégrer le monde très fermé du Venture Capital reste assez compliqué sans les bonnes expériences voire les bonnes écoles dans certains cas. Du fait d’une concurrence accrue, il y a une asymétrie de marché qui devient conséquente et tend à un nivellement par le haut.
De plus en plus d’étudiants, ayant rapidement de nombreuses expériences au plus proche de la Tech et des parcours dans l’enseignement supérieur impressionnants prétendent à des postes d’analyste stagiaire ou à temps plein mais très peu d’offres en fonds d’investissement ou structure autour de la Tech (Incubateur ou banque d’affaires par exemple) restent disponibles : le degré de sélectivité reste élevé.
Expériences - Quels pré-requis ?
Au risque de surprendre, les structures en VC ne demandent justement aucun profil type ou expérience pré-définies : les backgrounds chez les partners vont autant chez le purement financier, avec des parcours classiques en banque d’affaires ou en fonds d’investissement et qui connait la structuration d’un deal, que le serial entrepreneur, qui a créé une ou plusieurs sociétés à succès et qui amène son expertise et son expérience en fonds d’investissement.
Cependant pour décrocher un stage en VC trois types d’expériences peuvent être déterminantes :
Finance : Private Equity (PE), Transaction Services (TS), Audit, Tech Mergers & Acquisition (M&A)
Startup : Bras-Droit du CEO/COO/CFO, Strategy/Operations
Conseil : Conseil en Management, Digital, Stratégie
Finance
Aucune structure professionnelle ne vous en voudra de faire un stage en finance, surtout en finance d’entreprise. Une première expérience en Private Equity, Transaction Services, Audit et, surtout, en levée de fonds/M&A est un plus indéniable auprès des recruteurs.
Je plébiscite surtout la levée de fonds/M&A qui permet d’être du côté vendeur, à l’opposé du côté acheteur des fonds VC, et de bien comprendre la typologie d’un « deal » en capital-investissement. Au delà de ça, une expérience en banque d’affaires est un excellent moyen de comprendre l’état d’esprit d’un entrepreneur, travailler à ses côtés, comprendre et dérouler un Business Plan, un PnL, selon le Business Model de la société.
L’entretien dans ce type de structure est classique, comprenant plusieurs étapes, des tours d’entretiens telles que : de la personnalité (fit), de la technique (sur vos techniques de valorisations, la construction ou déconstruction de vos trois états financiers, un montage LBO, …), la rencontre avec des profils seniors de la structure financière.
Si possible, faites un stage financier en lien avec de la tech : postulez par exemple chez un leveur de fonds tech du type Chausson Finance, Cambon Partners, Clipperton Finance ou encore Avolta Partners. Vous maximiserez grandement vos chances d’intégrer un fonds de capital-risque.
Startup
Ne prenez pas du tout à la légère une expérience en startup. Il est honnêtement facile d’intégrer une startup en faisant preuve de jugeote, en restant smart et intéressé par le produit, mais pour avoir une candidature pertinente, visez deux types de startups en stage :
Une startup avec un nom bien connu de la place Tech française et européenne telle que Frichti, Doctolib, Meero ou encore Blablacar
Une startup présente dans le « portefeuille » de différents fonds VC bien connus de la place : par exemple Yubo est une startup où Iris Capital Idinvest et Alven ont investi
Au sein de ces startups, visez des postes qui vous permettront d’avoir une vue très opérationnelle et stratégique de l’entreprise, vous donnant une exposition maximale et une réelle vision business de la société. On exigera de vous sur ces postes d’apporter un maximum de connaissances, de faire preuve d’abnégation et de pro-activité dans le but d’améliorer le produit.
Attention, de nombreuses startups sont créées par des profils d’entrepreneurs ayant eu des expériences significatives en banque d’affaires tech ou en conseil en stratégie. Il est important de ne pas prendre les entretiens en startups pour acquis. Prenez le temps de vous renseigner sur les profils des fondateurs, sur le produit, et sur la réalité du marché également.
Dans ce cas, postulez à des offres types « Strategy & Operations » chez Frichti, « Bras-Droit du CEO/CFO » chez Doctolib, ou encore tout autre type de poste similaire. Je n’ai eu que de bons retours sur ces postes-ci et vous pourrez avoir une meilleure compréhension du business model et de l’industrie.
Conseil
Enfin, ce n’est pas l’expérience que je juge la plus pertinente mais qui m’a beaucoup apporté personnellement et sur laquelle on m’a souvent interrogé : le conseil.
Pourquoi faire du conseil afin d’intégrer le monde du VC ? Tout simplement pour le sens du service, la dimension analytique et la qualité des missions : faire des études de marché, de concurrence, améliorer l’interface digitale du client, … sont par exemple des missions qui se rapprochent grandement de ce que vous pouvez être amené à faire en stage en termes de nature et d’exigence.
Concernant le type de conseil, le conseil en stratégie reste la voie royale même si le conseil en management à toute sa place, notamment s’il y a une belle practice digitale dans la société.
Bien sûr, vous n’êtes pas obligés d’avoir les trois. Certains profils, issus de très grandes écoles, se distinguent assez bien qu’ils n’ont pas besoin de ces 3 expériences et commencent directement en VC ! Sans parler des expériences en incubateur, accélérateur, et autres structures hybrides avec une belle exposition dans l’écosystème tech.
L’implacable “filtre école”
Celui-ci est implicite. Je l’ai senti avec quelques fonds mais il ne fait pas tout : j’ai eu autant de chance d’accéder à un entretien qu’un étudiant à Skema ou encore HEC, alors il est essentiel de préparer efficacement ses entretiens et de croire en sa chance et sa préparation.
La majeure partie des écoles de commerce et ingénieur préparent les étudiants à un Programme Grande École. Cependant il est nécessaire d’acquérir un master cohérent avec le capital-risque. Un master en finance, entrepreneuriat et ou stratégie est naturellement un avantage indéniable dans la recherche du Saint-Graal que constitue ce stage.
Pour aller plus loin, un double master en entrepreneuriat, en complément d'un master finance, en France ou à l’étranger, est une voix plus que royale pour maximiser vos chances. De même, un cursus type école de commerce, complété par un master ingénieur reste rare mais une très belle voie d’accessibilité, telle que le Mastère Spécialisé Technologie & Management de Centrale Supélec.
En ayant ce profil type, doté d’au moins une de ces 3 expériences, vous passez un screening CV redoutable mais le plus dur reste à venir : l’entretien.
Vue d’ensemble d’un entretien en VC
Avant toute chose : soyez la ou le plus rapide possible lorsque vous postulez. Cela semble évident mais les meilleures offres “partent” en moins d’une semaine : pour un poste de stagiaire VC, près de 100 candidatures peuvent être reçus en 2 semaines ! Il est donc nécessaire d’être au plus proche de l’information. En termes de vecteurs d’information, le groupe Facebook Junior VC France est la source d’accès la plus basique à ce niveau.
Bien sûr, améliorer et développer son “réseau” personnel par contacter des professionnels de l’industrie via Linkedin ou autour d’un café est un très bon moyen d’avoir des premières connaissances et compétences sur le sujet (et d’obtenir des exclusivités d’ouverture de poste).
Il est important d’effectuer ce travail que vous n’aurez effectivement pas à faire pour un stage dans une industrie plus classique. Petit plus aujourd’hui : amener de la preuve de travail, mais j’y reviendrais un peu plus tard ici.
Les entretiens dépendent beaucoup des fonds, des structures VC et ils ne se ressemblent pas d’un tour à un autre.
Sans pour autant rentrer dans les détails, les séries d’entretiens VC se caractérisent généralement par 3 tours : du fit, de la technique et encore du fit. Attention, ces entretiens peuvent différer selon le profil des structures VC et des Associates en face de vous : si l’Associate a une expérience significative en finance, il peut vous poser des questions relatives à la structure financière d’une société. De même, si son expérience est relative à du conseil en stratégie, avoir une étude de cas ou du market-sizing ne serait pas surprenant.
Le premier Fit
Le premier fit est l’essentiel : qui êtes-vous ? quel est votre parcours ? pourquoi faire du VC ? quelles sont vos motivations ? À travers toutes ces questions, on veut surtout savoir si vous êtes là par hasard ou si vous avez des motivations réelles.
La question du fit est finalement assez classique. Prenez le temps aussi de vous renseigner : quelles sont les dernières tendances ? les dernières levées de fonds ? dernier évènement marquant en tech ? des startups et des business models que j’apprécie ?
La Technique
Le second devient le plus particulier : la technique. Ce n’est pas spécialement dur (et à proprement parlé de technique si l’on se réfère à des entretiens purement financier) mais il est nécessaire de bien connaître certains points. En premier lieu le secteur du fonds et la réalité de son marché. On peut vous demander une étude de marché sur un secteur ultra-précis, un SWOT en utilisant des ratios tech, faire du market-sizing, …
C’est un point à bien préparer et ne surtout pas négliger car c’est là où l’écrémage est le plus sévère. Renseignez-vous bien auprès de blogs, mailing list, sites web (Crunchbase, Usine Digitale, Maddyness en tête).
Le dernier Fit
Enfin le dernier fit est juste une copie, une confirmation du premier fit, surement avec un entretien en anglais. Suite à tout ceci et beaucoup de chance, intégrer un VC devient un peu plus facile d’accès en stage mais tout de même compliqué, surtout en CDI.
Les chances de conversion en CDI après un stage de fin d’études sont rares, voire impossible et intégrer cet univers après le diplôme est d’une autre logique : soit être entrepreneur et se faire racheter par un fonds ou encore travailler dans un incubateur ou accélérateur, soit passer par une banque d’affaires tech voire du conseil en stratégie.
How to break into venture capital - Source : Financial Times (2017)
L’admission dans un fonds en Europe (voire également aux Etats-Unis) arrive généralement après quelques années d’expériences ou un top MBA. C’est d’ailleurs l’une des destinations préférées des diplômés du MBA d’Harvard.
Les opportunités de carrières dans les structures VC existent réellement, à différents postes. Ceux-ci restant quasiment les mêmes qu’en finance classique aux degrés de responsabilités différentes : Analyste, Associate, Manager, Director, VP, Partner.
De la nécessité d’aller plus loin
Intégrer l’univers du capital-risque est à mon sens un travail de long-terme. Cette envie doit être farouche et ne pas être opportuniste. Ces points sont bien soulevés par Valentin Decker dans un article dédié. On n’accède pas au métier de capital-risqueur par opportunisme. Il est nécessaire d’aller plus loin, d’approfondir ses connaissances et d’amener de la preuve de travail, proof of work.
Cette preuve de travail va au-delà de simples expériences professionnelles : montrez votre investissement dans un domaine technologique, une association ou des initiatives étudiantes telles que le sont UPComingVC ou encore le bootcamp BabyVC, vos side-projects tels qu’un blog, une newsletter, même une startup ou outil vous permettant de mettre en avant votre savoir et connaissances. Si les développeurs web peuvent utiliser GitHub pour montrer leur code dans des projets en open-source, possédez votre propre GitHub, montrez votre expertise dans un secteur de niche, suivez des formations telles que celle proposez par Clément Vouillon de MemoHub également.
Agissez comme un VC avant de l’être pour pouvoir maximiser vos chances.

Vous seriez intéressé par quel sujet en particulier en VC ? Types d'industries de startups ? N'hésitez pas à me faire part de vos retours 🌐 Et bon déconfinement ! 😷